Dans mon monde, enfant, je regardais tout le temps les autres et leur manière de faire les choses m’interrogeait. Pourquoi s’agitaient-ils comme cela ? Pourquoi criaient-ils dans la cour de récréation ?
Je les voyais échanger, se disputer, se critiquer les uns sur les autres… J’étais une grande spectatrice et poser un regard sur tout cela se faisait dans un halo brumeux, non identifié de ma part. J’étais dans mon monde en permanence, jouant à la marelle seule, à longer les bordures de trottoirs en sautant par-dessus les lignes… ne pas toucher les lignes.
Mes seules interactions étaient quand je jouais au foot avec les garçons le midi. Mais là, seul le ballon comptait et l’objectif de le mettre dans les cages… je courais vite, je dribblais, je mettais tout mon focus à garder et amener la balle à bon port : j’entendais les autres crier : « trop perso !!! TROP PERSO ! » mais le but était atteint et marqué : pourquoi criaient-ils encore et encore… ?
En classe, j’étais qu’à moitié là, écoutant d’une oreille, j’avais compris que l’on pouvait m’interroger et qu’il valait mieux savoir répondre… mais mon regard se perdait sur les autres et je passais mon temps à les décrypter, à dessiner dans ma tête, leurs traits , leur visage, rien ne m’échappait : Pascale, Sophie, Carole, mes camarades de CP/CE1/CE2/CM1 qui n’étaient pas mes amis, je n’en avais pas, mais dont 50 ans plus tard je suis capable de faire le portrait, dessinant leur expression, me souvenant de leur manière de s’habiller… je commençais à graver dans mon esprit la carte mentale de l’humanité et cela commençait là.
Dans cette observation constante.
Observer mes parents, mes grands-parents, leurs réactions, comprendre leur choix : pourquoi ce papier peint sur les murs que je regarde sans jamais pouvoir détacher réellement mon regard, attiré par ces dessins psychédéliques ? Tout s’imprime. C’est le décor de ma vie. Ce sont les personnages de ma vie. C’est mon champ d’étude et mon expertise va se construire en partant de cette base de données.
Tout s’enregistre, tout se classe par catégorie : choix exposés, choix subis, sociologie, affectif, mode, lieu d’habitation etc… etc… la base de données est énorme, des millions d’informations acquises sur 54 ans : rangées, triées, accessibles à tout moment.
Pascale très bien habillée, stricte, silencieuse, première de la classe, bien coiffée, cheveux courts mais pas trop : parents médecins.
Sophie : petite boulotte, cheveux blonds, gâtée, capricieuse, parents habitant en pavillon dans la vallée de Chevreuse mais instabilité émotionnelle (le couple n’est pas solide). Plutôt bonne à l’école, c’est elle la chef de tout, une peste que les autres suivent : pas moi.
Carole : petite blonde, fine, cheveux ébouriffés, élevée par sa maman toute seule. Des jupes trop courtes mais des yeux qui pétillent, beaucoup de difficultés à l’école, sûrement de la dyslexie, elle veut… mais elle n’y arrive pas. Les autres se moquent souvent d’elle.
J’ai 5 ans et demi : et j’ai fait le tableau clinique de mes camarades : personnes n’en sait rien, mais moi je le sais. Ainsi, un à un, je décortique leurs habitudes, leurs tics, les choix dans les mots, leurs émotions, leurs dérapages, leur contrôle : je les vois tous dans ce qu’ils sont au plus profond d’eux-mêmes. Personne ne le sait : ma base de données grandit. Les liens se font, les pourcentages m’éclairent, les études me renforcent dans ma vision.
Je n’ai pas d’interaction avec les autres, je suis dans mon monde. J’échange très peu : je regarde les autres et sinon : je cours… je cours tout le temps, je grimpe. Je me fais des cabanes. J’écoute en boucle le petit prince raconté par Gérard Philippe et je pleure à chaque fois. Personne ne me voit. Je ne suis pas seule, je suis avec ma tête, mon imagination, mes analyses, mes focus. Et puis je parle aussi beaucoup à mes parents. À ma nounou je raconte tout ce que je vois… enfin je crois… si on me pose une question… est-ce que l’on me posait des questions ?
En fait, je ne sais pas si tout cela ne se passait que dans ma tête… je parlais seule, cela je m’en souviens : le soir en m’endormant je refaisais le film de la journée, je classais les informations.
Toute ma vie j’ai été comme cela. Dans ma cabane mentale. Je n’avais pas de difficultés particulières : j’apprenais vite, avec une capacité d’adaptation énorme… et tout me nourrissait. Rien ne servait à rien. Une chanson pouvait m’expliquer un état d’esprit puis me conduire à comprendre pourquoi elle était populaire, quelle souffrance commune à l’humanité tout entière, elle apportait un peu de répit, d’espoir…
Seul point compliqué finalement dans ma vie : avoir des amis, puis des amoureux… puis me faire des collègues de travail, avoir de bonnes relations avec mes parents, mes sœurs et mon frère… puis avec mes maris… et pour finir avec mes propres enfants…
Il a fallu que j’en arrive là à 50 ans pour identifier mon vrai mal être : je vivais dans un monde parallèle sans le savoir. Je n’étais pas que « surdouée » comme les psys et autres me nommaient… non j’étais surtout autiste : une enfant autiste, une ado autiste et finalement une adulte autiste, ignorant son propre système de fonctionnement, imposant aux autres une cadence infernale, une incompréhension mutuelle récurrente.
J’ai passé ma vie à essayer de comprendre le monde sans me voir dans ma manière de fonctionner réellement. Quel soulagement. Aujourd’hui !
Toutes les pièces du puzzle sont réunies : ma base de données est conscientisée, je peux enfin délivrer mon talent au monde et en conscience !
Je vous vois tous et notamment : les personnes HPI avec votre souffrance, votre manière d’essayer de vous convaincre que c’est le monde qui va mal, que les autres sont des pervers narcissiques, que vous ne pouvez pas trouver votre place parce que vous êtes trop bons !! Je vous le dis : vous êtes seulement à la moitié du chemin. Mais en lisant ce texte vous vous retrouvez à un croisement :
Première possibilité :
“Je ne vois pas de quoi elle parle… je vais continuer avec mon coach spécial HPI qui m’a dit que j’étais THPI sans test mais c’est un pro…” (hahahaha, j’y ai cru moi aussi…)
Seconde possibilité :
“Je vois de quoi elle parle mais c’est son expérience : je suis différent(e), je suis HPI, je peux me débrouiller seul(e) malgré les murs, les coups… je peux TOUT, SEUL(E)…”. Vous pouvez toujours essayer : mais il existe un chemin beaucoup plus simple.
Troisième possibilité :
« Mince, mais c’est comme ça que je vois le monde, c’est comme ça que je le voyais enfant… et si j’étais aussi TSA ? C’est cela le décalage que je vis ? Cette force que je sens et que je n’arrive pas à exprimer ?”
J’ai fait le chemin, nous commençons à être pas mal d’ailleurs à avoir reconnu notre autisme derrière notre HPI. C’est normal la science évolue, la connaissance évolue et nous avons maintenant accès de façon claire à de l’information vérifiée (non le HPI ne dysfonctionne pas de façon naturelle : c’est du BULLSHIT).
Chacun son grand pouvoir, on dit que les « aspergers » ont un talent : j’ai identifié le mien, enfin.
Comprendre et identifier les difficultés de l’humanité à travers une base de données. Comme cet asperger capable de vous reciter le nombre Pi, ou celui capable de vous dessiner Paris à la fenêtre près, juste en étant passé une fois en hélicoptère…
Ma capacité à moi est de vous expliquer pourquoi l’humanité ne se comprend pas et n’arrive pas à vivre ensemble. A vous voir dans votre humanité complexe et désordonnée, j’ai la conscience des facteurs qui vous amènent à dysfonctionner.
Je suis une experte sur la construction cognitive et émotionnelle: je vous vois dans votre unicité et en même temps dans les facteurs communs qui vous empêchent de vous réaliser.
Je mets donc mon talent à votre service.
Je vous invite à découvrir la Masterclass où je parle de notre spécificité : HPI+TSA. Allez la voir car il se pourrait qu’elle vous permette de mettre des mots sur vos maux et finalement de finir le chemin que vous avez commencé au lieu d’être coincé(e) au milieu….