Emotions du HPI / TSA, article rédigé par Sonia Fiquet et paru sur LeTSA.FR
Pourquoi les émotions du HPI/TSA sont-t-elles si fortes, si intenses, si destructives, si insupportables ?
Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte mais dans un premier temps décrivons le mécanisme :
Mon interlocuteur m’expose une situation dans laquelle j’ai un rôle et ce qu’il me dit me touche profondément. Les informations, les mots, l’intonation de sa voix, ses mimiques, ses doutes, ses craintes implicites, explicites, montent directement dans mon cerveau et sont analysés à vitesse grand-V. J’analyse le contexte, je me pose les questions « pourquoi il me dit cela », je mesure les impacts factuels, le taux de gravité, les retombées immédiates sur nos relations futures, sur mon avenir, les conséquences…bref en deux minutes ma vie s’écroule. Réaction immédiate de mon corps en mode survie : je n’arrive plus à parler, dans certains cas les larmes montent, mes membres se vident de leur sang, mon ventre se noue, mes idées fusent et se brouillent, je me ferme à l’autre : je suis anéantie alors que deux minutes avant j’étais rayonnante, mon avenir était solaire, j’avais confiance en la vie !
Vous allez me dire, « mais ce qu’il vous a annoncé était grave ? il vous vire (professionnellement) ou il vous quitte (personnellement) ? » pas du tout ! Enfin si, c’est grave, mais pas pour lui, juste pour moi !
Combien sommes-nous à ressentir ce tsunami d’émotions qui nous brise alors que notre interlocuteur ne s’est même pas rendu compte de la souffrance qu’il vient de nous infliger ? Pourquoi je réagie comme cela ? Pourquoi ne le voit-il pas ? Pourquoi est-il capable de penser ou de dire ce genre de choses-là ? qu’est ce qui ne vas pas chez moi pour me mettre dans cet état-là, lorsque l’on me fait une critique, une remarque ou que l’autre pose un acte qui sort complétement de mes représentations possibles ?
Autant de questions qui me ramène à ma solitude existentielle, à mon syndrome de décalage : je ne comprends pas les autres, suis-je seule à ressentir cela ? Pourquoi les personnes compliquent-elles toujours les choses ? Comment sont-elles capables de me blesser à ce point-là, sans aucune conscience de la portée de leurs mots ou attitudes.
Voilà donc en gros ce qui se passe dans notre tête et dans notre corps de façon plutôt récurrente dans notre vie de tous les jours : personnelle ou bien professionnelle.
Des émotions fortes et ravageuses causées par l’interaction avec les autres.
Quand vous vous risquez à en parler, quand vous osez leur confier la souffrance qui vous a atteint de cette façon si fulgurante, on vous dit que vous êtes trop sensible, que vous attachez de la valeur à des broutilles, que vous vous compliquez trop les choses…. Bref c’est de votre faute, et donc en plus de votre souffrance, vous culpabilisez sur votre attitude ou au contraire vous vous renforcez dans le fait que les autres sont des idiots, qu’ils ne méritent pas votre attention et vous partez. Vous vous isolez encore un peu plus, vous vous désocialisez sans même vous en rendre compte.
Pire vous pensez être fou, ou atteint d’une pathologie liée à je ne sais quel traumatisme de votre parcours.
Et si c’était autre chose ? et si tout ce mécanisme avait une explication logique et rationnelle ?
Je suis HPI/TSA, cela veut dire que d’une part, j’ai une construction neurophysiologique différente de la plupart de mes semblables. La vitesse de connexion entre mes sens, mon corps et le traitement de l’information par mon cerveau est ultra rapide. D’où la soudaineté des choses. En effet, cette vitesse de compréhension de la situation, c’est comme une montagne russe dans notre corps. On est sur un certain plateau d’humeur et d’un seul coup on monte ou on descend en un rien de temps. Monter ce n’est pas très grave : on saute en l’air, on se met à crier, à flapper : bref on exprime notre joie et notre excitation, c’est plutôt drôle pour nous et pour les autres. C’est d’ailleurs ce côté-là de nous que les autres aiment : notre côté positif, dynamique, enthousiaste, qui peut faire de nous des leaders, de bons managers, de bons animateurs… mais si c’est une descente alors là ce n’est plus la même chose : on passe par des phases de mutisme, nous sommes inaccessibles pendant quelques temps (le regard vide, on s’isole physiquement et/ou mentalement ) et quand nous reprenons conscience du drame qui se joue, alors c’est l’explosion, la colère, la tristesse, la dépression….oui tout cela en moins de 5 minutes.
Nos émotions passent par le ressenti de notre corps, par nos sens au sens réel du terme. Et nous savons que la plupart des HPI/TSA sont hyperesthésiques, c’est-à-dire qu’ils ont les 5 sens hyper-développés. Dans ce cas précis, la vue va nous permettre d’analyser de façon fulgurante notre interlocuteur et ses intentions, l’ouïe va nous permettre de juger de l’intensité de la voix de l’autre et de la cohérence de ses propos, de la conviction qu’il va y mettre. Bien sûr, tous ses éléments sont analysés de façon inconsciente dans la plupart des cas car trop souvent le HPI/TSA ignore son mode de fonctionnement interne mais aussi celui des autres.
Le problème c’est que : ce qui est dit est dit….
Après la coté neurophysiologique, il y a notre manière de penser, nos paradigmes cognitifs. Quand le normo-pensant regarde un arbre il voit…..un arbre. Quand le HPI voit un arbre, il voit les milliers de feuilles qui le composent et les stries du tronc. Quand un HPI/TSA voit un arbre, il le voit dans toute ses composantes : le tronc, les feuilles, la sève qui l’anime, les échanges avec la terre et le ciel, la photosynthèse, bref il voit l’arbre dans son système et tous ce qui peut découler de l’arbre…il conceptualise de façon systématique et systémique. Il entrevoit toutes les interdépendances…j’appelle cela le syndrome « Amélie Poulain » car cela l’emmène très loin dans sa déduction des possibilités et dans les scénarios catastrophes qu’il échafaude en quelques secondes, sans prendre le temps de la prise de recul. Il en est incapable car il vit le moment trop intensément, les émotions ont pris le dessus sur son raisonnement.
Ensuite il y a la valeur du discours : Un mot désigne quelque chose, le choisir n’est jamais un hasard, en tout cas c’est ce que pense le HPI, car lui, il choisit ses mots quand il parle. Chaque mot à un sens une représentation qui permet de faire une phrase pour exprimer ce que l’on veut dans le système dans lequel on évolue. Il n’y a pas d’à peu-prêt. Et pire pour lui, si on le dit c’est qu’on le pense, c’est que l’on y a réfléchis. Le mot a une valeur immuable dans sa tête. On appelle un chat : un chat. Et nous commençons à entrevoir comment il est compliqué pour un HPI/TSA de comprendre l’autre, car la représentation qu’il a du langage et de son utilisation sont très importantes, le langage est normé, codifié pour lui et il ne comprend pas que l’autre puisse mettre moins de valeur sur les mots.
Et nous touchons là la problématique profonde qui génère l’intensité des émotions du HPI/TSA : en quoi cette situation de communication remet en cause la relation ?
C’est bien dans son système de valeur que le HPI/TSA se sent agressé et qui va déclencher ces émotions écrasantes, insupportables psychologiquement et physiquement.
Le système de valeur le HPI/TSA est très normé lui aussi. De par son extra lucidité sur le monde il appréhende la noirceur de l’humanité mais également sa capacité d’amour et de bienveillance, le champ des possibilités. Il a compris ce qu’il faut pour vivre heureux, ensemble et en harmonie avec notre bonne vieille planète : de la justice, de l’honnêteté, de la franchise, du courage, de l’amour, du respect et pour lui si tout le monde applique cela alors il n’y a plus de problème dans le monde, c’est pourtant simple à appliquer non ? ET EN PLUS C’EST FACILE À COMPRENDRE, C’EST LOGIQUE ET PLEIN DE BON SENS.
Le HPI/TSA pense que tout le monde est comme lui, ou en tout cas les gens sains d’esprit, que tous les individus ont une vision méta, que tout le monde à la conscience de ce qu’il faut faire. Il pense que tout le monde est gentil à la base et que ceux qui ne le sont pas ont surement de bonnes excuses sinon pourquoi ? Qui voudrait faire du mal à l’autre ? Dans quel but ? Dans quel intérêt ? C’est le côté très immature et naïf du HPI/TSA. Il projette sur l’autre sa propre vision du monde.
Ainsi quand vous le rencontrer s’il vous « sent » bien, il va vous accorder un capital confiance de 100%. Mais le problème c’est qu’à chaque fois que vous allez mal vous positionner face à lui dans le système de valeur qu’il a validé, vous mettez un coup de canif dans le contrat et vous le touchez directement au cœur. Vous provoquez chez lui des émotions qui s’apparentent à de l’injustice, de la trahison, de l’abandon donc des sentiments très forts.
Voilà pourquoi le HPI/TSA a des émotions si fortes et si destructrices dans sa vie : en remettant en cause son système de valeur vous remettez en cause ce qu’il est au plus profond de lui-même et donc la relation qu’il essaie de construire avec vous.
Pour l’avoir expérimenté dans mon corps, sans renier mes valeurs, mes idéaux, et ce que je suis au plus profond de moi-même, il est possible de gérer ce mode de fonctionnement qui engendre cette problématique, de dépasser cette souffrance. Cela demande du travail sur soi-même, une connaissance parfaite de son mode de fonctionnement, une envie de transformer sa vie pour ne plus la subir, une mise en pratique quotidienne de nouvelles habitudes et une bonne dose de bienveillance et d’amour à l’égard de nos semblables. Ainsi je vis ma vie pleinement avec les autres, en harmonie avec mes valeurs. Je fais une force de ce don de la vie qui m’a fait différente !
Sonia Fiquet, Editorialiste LeTSA.FR